
Le projet d’extension du pôle nautique avance à grands pas. Tous les acteurs locaux sont sur la même longueur d’onde, malgré la houle économique mondiale. Une aubaine pour l’emploi qui devrait profiter à tout le département.
À peine les dirigeants du pôle nautique de Canet-en-Roussillon avaient-ils quitté dimanche dernier la marina du salon mondial des multicoques à La Grande-Motte, qu’ils se sont immédiatement replongés dans le projet déterminant d’extension des surfaces de production. Car, le pôle, ouvert et opérationnel voici tout juste vingt ans, est en fort développement, avec une quarantaine de sociétés (900 emplois) qui réclament ces extensions sur un foncier mitoyen disponible de 12 ha avec une cale de mise à l’eau.
« Ces nouvelles parcelles pour développer l’industrialisation sont très convoitées. Nous avons hâte, à la fois pour les sociétés du pôle mais aussi pour accueillir de nouveaux opérateurs désireux de bénéficier de l’écosystème local riche de personnel formé et de sous-traitants. Nous sommes le premier port de la façade méditerranéenne française pour les catamarans qui reviennent des Caraïbes. Et équipés pour sortir les bateaux, avec notamment un engin de levage de 200 tonnes » explique Benoit Chatillon, président des entreprises du pôle nautique et PDG de Tenderlift, (équipement hydraulique des bateaux).
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C’est une des pépites de Canet avec le doublement de son chiffre d’affaires en trois ans et l’inauguration en mars dernier d’une extension de son usine. « Certes, compte tenu des incertitudes internationales, l’industrie de la plaisance est au creux de la vague. Mais les catamarans résistent plutôt bien et il faut lancer une stratégie industrielle à moyenne échéance » poursuit-il.
Et les performances des catas sont éloquentes : 4,7 milliards de dollars facturés en 2024 avec une projection à 9,5 milliards de dollars en 2034 au rythme de + 7,4 % par an. « Les grands catamarans tirent le marché et justement Canet est parfaitement positionné avec des chantiers spécialisés comme Catana-Bali ou Windelo. Aujourd’hui, les chantiers en sont réduits à amarrer les bateaux terminés au port voisin du Barcarès. Il y a une urgence à ouvrir cette première tranche alors que dans le même temps nous allons augmenter la capacité du port d’une centaine de places dédiées aux grands catamarans, marché ultra-porteur » se projette enthousiaste Valérie Loctin la directrice générale de la SPL Sillages qui pilote le pôle, le port et différents équipements liés au tourisme et au nautisme à Canet.
Des géants mondiaux dans les starting-blocks
« Pour le développement du pôle nautique, nous en sommes au stade déterminant des procédures. Nous avons fait un tiers du chemin. Nous travaillons avec les services de l’Etat sur les compensations environnementales. Il s’agit de respecter toutes les réglementations. Nous espérons mettre à disposition les premières parcelles de cette seconde tranche en 2027, environ cinq hectares » détaille Arnaud Micoud, directeur du développement de Perpignan Métropole Méditerranée, qui gère ce précieux foncier. En première ligne des candidats, le géant mondial Catana-Bali parie sur son nouveau grand catamaran (le Bali 58 pour 58 pieds) et une deuxième usine, puisque les clients mondiaux de la grande plaisance voient et veulent toujours plus grand.
Chez Windelo, le spécialiste des catas hybrides écoresponsables (voile et énergie solaire) on va doubler les livraisons en 2025 et développer deux nouveaux modèles (57 pieds et 61 pieds). « Nous venons d’obtenir le permis de construire d’un agrandissement de 1 500 m2 de notre usine de production et nous allons pratiquement doubler les effectifs progressivement à partir de la fin de cette année » explique Gautier Kauffmann le PDG alors que les clients, américains notamment, découvrent les dernières nouveautés à La Grande-Motte. Mieux encore, Canet entend s’imposer comme l’un des principaux spots de traitement pour les bateaux d’occasion, avec toujours dans le viseur, les catamarans XXL qui font rêver les plaisanciers passionnés du monde entier… Et les banquiers catalans.