
Après avoir décidé de rester, les LR ont déchanté en voyant la composition du gouvernement Lecornu. Ce dimanche 5 octobre dans la soirée, les téléphones ont chauffé.
Les Républicains avaient tranché… mais pour combien de temps ? Après s’être interrogé tout le week-end sur leur participation au gouvernement et réclamé à Sébastien Lecornu des engagements par écrit, voilà les ministres LR et le président du parti Bruno Retailleau confirmés à l’Intérieur. Tout est bien qui finit bien ? Pas vraiment. À peine connues, la composition du gouvernement et la nomination de Bruno Le Maire aux Armées, les Républicains étaient de nouveau très remontés ce dimanche soir… envisageant déjà leur sortie du gouvernement ce lundi, jugeant s’être fait flouer par le Premier ministre.
Sur les boucles WhatsApp, les messages de colère ont fusé. À commencer par les cadres des fédérations LR, « furieux » contre « le retour de Le Maire ». « C’est honteux », « c’est une caméra cachée ? », « comment pouvons-nous accepter cela ? » poursuivent certains, selon des messages que Le Parisien – Aujourd’hui en France a pu lire.
« Trop c’est trop »
« Nous ne pouvons plus cautionner cela. Trop c’est trop », poursuit un parlementaire LR. Et d’autres de se montrer très clair : « nos ministres doivent démissionner immédiatement » ou encore « c’est un gouvernement de censure immédiate ».
Car les LR reprochent à Bruno Le Maire d’être « l’homme des 1 000 milliards de dette » et d’avoir été « complice des turpitudes macroniennes ». De quoi compliquer les prochains jours de Bruno Retailleau ? « Tout est fait comme si Renaissance avait gagné les 450 sièges aux dernières législatives. Et le retour de Bruno Le Maire c’est le pompon pour nous… Il porte la dette comme une seconde peau. »
Dimanche soir, les téléphones ont chauffé entre les ténors du parti sur la question du maintien au gouvernement. « La composition du gouvernement ne reflète pas la rupture promise », a réagi Bruno Retailleau sur X. « Devant la situation politique créée par cette annonce, je convoque le comité stratégique des Républicains » ce lundi 6 octobre 11h30.
« On n’est pas des abonnés perpétuels » au gouvernement
Si le retour aux affaires de la droite a permis de lui redonner un semblant d’oxygène il y a un an, elle espérait que ce tremplin la propulse ensuite vers l’Élysée. Soit peu après les municipales de mars 2026. En cas d’éjection du gouvernement dès cet automne, les Cassandres ou les anxieux prédisaient une disparition de l’atmosphère, un billet retour vers le demi-oubli dans lequel végétait la droite.
Qu’en sera-t-il désormais ? « On n’est pas des abonnés perpétuels » au gouvernement, a pris soin de rappeler Bruno Retailleau mi-septembre, façon de rappeler que non, lui et les siens ne s’accrocheraient pas coûte que coûte aux ors de la République et ses voitures gyrophares.
Début octobre encore, il assurait aux élus LR réunis en visio qu’il s’interrogeait sur son maintien aux affaires, ajoutant que « le compte n’y est pas ». Si Matignon y a vu « un coup de bluff », les élus LR se sont agacés de ne pas être suffisamment traités et de ne pas voir leurs exigences régaliennes considérées.
« On va prendre cher sur le terrain »
Pour autant, la nécessité stratégique et la pression des ministres LR sortants ont joué en faveur d’une participation au gouvernement, contre l’avis de Laurent Wauquiez. Dimanche, après avoir reçu une lettre du Premier ministre, les Républicains se sont retrouvés une nouvelle fois en visio et ont fini par toper pour une nouvelle aventure ministérielle.
Tout ça pour ça ? « On va prendre cher sur le terrain », s’inquiètent certains. Et un soutien de Bruno Retailleau de s’agacer très clairement : « Moins il y a de macronistes dans le pays, et plus il y en a au gouvernement. »