« Hillbilly Elegy », le best-seller qui a fait connaître J.D. Vance, le nouveau colistier de Trump

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Quand « Hillbilly Elegy » est publié en 2016, le livre de J.D. Vance est lu comme une clé de compréhension de l’Amérique qui a élu Donald Trump. Le candidat républicain vient de choisir son auteur pour être son vice-président, et son best-seller revient sous le feu des projecteurs.

Dès l’annonce de la décision du prétendant à la Maison Blanche lundi, le livre s’est hissé en tête des meilleures ventes sur Amazon aux Etats-Unis. L’éditeur a lancé des réimpressions alors que le livre s’est déjà vendu depuis sa sortie à trois millions d’exemplaires tous formats confondus, détaille le New York Times.

Au fil de quelque 200 pages, J.D. Vance raconte son enfance au sein de la classe ouvrière blanche, les filles enceintes à 16 ans, la désindustrialisation dans une Amérique rurale qui se sent oubliée depuis des décennies. L’ouvrage montre aussi, en filigrane, le revirement d’un électorat historiquement démocrate devenu pro-Trump.

C’est aussi un récit personnel, celui de l’ascension sociale d’un enfant né dans la pauvreté qui parvient à intégrer l’école de droit de Yale, quintessence de l’élite traditionnelle américaine. Quand le livre sort, il n’est qu’un financier inconnu de 31 ans travaillant dans la Silicon Valley.

Mais ce récit de soi devenu un film Netflix propulse J.D. Vance sur la scène médiatique. Après la publication, il fait de son livre un argument de campagne et se lance en politique, avec un succès fulgurant: élu sénateur de l’Ohio en 2022, le voici aujourd’hui colistier de Donald Trump.

– Débat sur les Appalaches –

Quatre jours après le séisme de l’élection de Donald Trump en novembre 2016, le New York Times dresse une liste de six livres « pour aider à comprendre la victoire » du magnat de l’immobilier. Parmi eux, celui de J.D. Vance, « une analyse sociologique, subtile et pleine de compassion, de la grande pauvreté blanche qui a favorisé (…) l’ascension de Donald Trump », écrivait sa critique.

J.D. Vance grandit à Middletown, ville sidérurgique de l’Ohio qui, écrit-il, a perdu emplois et espoir « d’aussi loin que remontent mes souvenirs ». Mais ses grands-parents, qui sont ceux qui l’ont vraiment élevé plutôt que sa mère toxicomane, viennent des Appalaches.

Cette chaîne montagneuse de la côte Est, pays du charbon en déshérence, il la décrit comme celle de Blancs incapables de quitter leurs vallées perdues, de « reines des allocs » baignées dans « une culture qui encourage de plus en plus le déclassement au lieu de lutter contre ». Il dit les aimer et a fait de leur surnom péjoratif, « hillbilly », le titre de son ouvrage, comme pour retourner le stigmate.

Cette analyse provoque cependant la polémique. Dans plusieurs contre-ouvrages, des auteurs – plutôt progressistes – accusent l’auteur d’avoir réduit les habitants des Appalaches aux pires clichés qui accablent la classe ouvrière blanche et rurale. Pour eux, ces populations ne sont pas responsables de leur déclin, mais victimes du système qui les a laissées dans la pauvreté.

Faire porter la faute à l’ancien président démocrate Barack Obama qui a fermé les mines de charbon ou à la Chine qui a raflé les usines? « Voilà les mensonges que nous nous racontons », écrivait J.D. Vance en 2016.

Désormais candidat à la vice-présidence des Etats-Unis, l’écrivain devenu animal politique a complétement changé d’avis. Il tient aujourd’hui un discours virulent sur la Chine et l’immigration, responsables des maux de l’Amérique selon lui.

ube/ev

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