FIGAROVOX/TRIBUNE – Alors que les inscriptions aux concours du Capes et de l’agrégation accusent un nouveau recul en 2025, le professeur agrégé de philosophie Claude Obadia propose des réponses concrètes pour remédier à cette crise vocationnelle.
«Toutes les enquêtes Pisa attestent que nous sommes tout à fait parvenus à ruiner le statut des professeurs, conspués de toutes parts et pécuniairement éreintés»© MIGUEL MEDINA / AFP
Agrégé de philosophie, Claude Obadia enseigne à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye, à l’Université de Paris-Cergy et dans le second degré. Dernier ouvrage paru : Petite philosophie du grand large (PUF, 2023).
Les chiffres officiels sont tombés, inquiétants mais peu étonnants : les inscriptions aux concours de recrutement des enseignants du second degré marquent une nette baisse pour 2025, soit près de 3 000 postulants en moins sur un an pour les concours du Capes et de l’agrégation. Or, si le manque d’enseignants, depuis plusieurs années, se fait si cruellement ressentir dans les collèges et les lycées, loin s’en faut que les causes profondes en aient été clairement identifiées.
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Une première approche, au demeurant légitime, veut que la crise du recrutement des professeurs du second degré soit liée aux conditions salariales réservées aux enseignants. Faut-il, en effet, rappeler que les salaires des professeurs français, selon le dernier rapport «Regards sur l’éducation» publié en 2023, sont inférieurs à la moyenne de l’OCDE à chaque étape de la carrière et à tous les niveaux d’enseignement ? Réalise-t-on bien à quel point le pouvoir d’achat des professeurs s’est effondré ces quarante dernières années ?
Alors que le salaire brut des jeunes enseignants de collège équivalait à 2,3 fois le Smic en 1980, il n’était plus que de 1,2 fois le salaire minimum en 2021. Soyons réalistes. Pourquoi un étudiant capable de faire carrière dans le privé embrasserait-il le métier de professeur quand celui-ci lui permettra d’obtenir à la veille de la retraite la rémunération qu’il pourrait percevoir dans le privé en début de carrière ? Et n’est-ce pas, au moins pour partie, cette situation catastrophique qui explique pourquoi les meilleurs étudiants scientifiques se détournent si massivement des métiers de l’éducation ?