Présidentielle américaine : immigration, avortement, guerre, fake news… les cinq moments forts du débat entre Trump et Harris

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US Vice President and Democratic presidential candidate Kamala Harris and former US President and Republican presidential candidate Donald Trump are seen on a screen in the spin room as they participate in a presidential debate at the National Constitution Center in Philadelphia, Pennsylvania, on September 10, 2024. (Photo by MATTHEW HATCHER / AFP)

Le premier débat entre Donald Trump et Kamala Harris était particulièrement tendu mardi soir à Philadelphie. Tous deux combatifs, ils ont eu des stratégies différentes : le républicain n’a eu de cesse d’attaquer son adversaire là où la démocrate s’est efforcée de présenter des mesures claires.

Un combat de boxe de près de deux heures, plus long que prévu : le débat télévisé qui a opposé cette nuit Kamala Harris à Donald Trump sur la chaîne ABC, en direct de Philadelphie, a été tendu de bout en bout. Il a permis de lever les doutes sur la vice-présidente américaine, qui a réussi à évoquer les idées contenues dans son programme tout en tenant férocement tête à son adversaire. Un sans-faute. Donald Trump, quant à lui, ne s’est pas démonté et a livré une vision apocalyptique de ce qu’adviendraient les États-Unis en cas de victoire des démocrates lors du scrutin du 5 novembre.

Kamala Harris ne veut pas « revenir en arrière »

Kamala Harris ne s’est pas contentée de pointer les risques que ferait courir une deuxième présidence Trump, elle a aussi voulu délivrer un message d’espoir : « On ne revient pas en arrière », a-t-elle plusieurs fois répété. C’est son slogan, celui qu’elle teste depuis plusieurs semaines auprès de ses partisans. « Il faut aller de l’avant, tourner la page de tout cela, les Américains sont fatigués », a-t-elle aussi pointé, en estimant que l’important était d’évoquer « les programmes » et non de « multiplier les attaques personnelles ». « J’apporte quelque chose de nouveau, a-t-elle fait remarquer. De l’optimisme. Des réductions d’impôt pour les classes moyennes. Des aides pour les familles qui accueillent un enfant, ou pour ceux qui deviennent propriétaire de leur résidence principale. Je suis la seule personne ici qui veut faire quelque chose pour la classe moyenne américaine. »


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Combative, Kamala Harris a aussi joué avec les règles : si les micros étaient censés être coupés quand un candidat n’avait pas la parole (cela n’a toutefois pas toujours été le cas), les caméras, en revanche, filmaient les deux visages et l’écran était souvent partagé en deux. La candidate démocrate en a joué en regardant souvent son adversaire, opposant de nombreux sourires à ses accusations.

Capitole, criminalité et fake news

Son adversaire avait prévenu : Donald Trump risquait de propager des fausses informations au cours du débat. Et il ne l’a pas fait mentir. À plusieurs reprises, le candidat républicain a été repris par les journalistes et son opposante après des prises de parole. D’abord, lorsqu’il a accusé les migrants arrivés aux États-Unis de manger « des chats et des chiens », les « animaux de compagnie des habitants » de la ville de Springfield (Ohio). Il s’agit d’une référence à une thèse colportée depuis lundi par des ténors républicains au sujet de migrants haïtiens. Mais cette information a été démentie par les autorités et même par le maire de la ville, appelé par les journalistes de la chaîne NBC qui animaient le débat.

Autre attaque démentie, le candidat républicain a affirmé que le taux de criminalité explosait aux États-Unis alors qu’il baissait partout. Ce que contredisent des rapports du FBI. Un argument loin d’être suffisant, pour le milliardaire de 78 ans. « Le FBI fait des déclarations frauduleuses », a-t-il tout simplement rétorqué.

Il est, aussi, revenu sur sa défaite de 2020, qu’il a toujours les plus grandes difficultés à reconnaître. « Il y a tellement de preuves, tout ce que vous avez à faire c’est y jeter un œil », a répondu le milliardaire lorsqu’il a été interrogé sur le sujet, réitérant ses affirmations non fondées sur des fraudes supposées. « J’ai eu plus de 75 millions de suffrages, plus que n’importe quel président sortant. On m’a dit que lorsque l’on en obtient 63 millions, ce que j’ai obtenu en 2016, on ne peut pas être battu », a déclaré Donald Trump.

Immigration : Trump promet le pire en cas de victoire démocrate

Pour Donald Trump, l’enjeu de ce débat était moins de présenter son programme que de tenter de convaincre les hésitants et les républicains modérés. Il devait donc afficher un visage plus calme qu’à l’accoutumée. Ce qui ne l’a pas empêché de faire… du Trump. Jouant l’exagération et la dramaturgie au maximum, il a promis que Kamala Harris conduirait le pays à feu et à sang si elle était élue.

Mélangeant tous les thèmes – immigration, économie, sécurité, intérieure et extérieure, régulation des armes – il a tracé les contours d’un avenir terrible pour les États-Unis en cas de nouvelle victoire démocrate. « Des millions de gens entrent dans notre pays alors qu’ils arrivent de prison, d’asile d’aliénés et prennent nos emplois. (…) Ils s’emparent de nos villes », a-t-il par exemple affirmé. « On va finir avec la Troisième Guerre mondiale », a aussi promis le républicain, assurant par ailleurs que sa rivale voulait « prendre les armes » des Américains.

« Trump ne devrait pas dire aux femmes ce qu’elles doivent faire de leur corps »

La question enflamme les États-Unis depuis de longs mois et elle a sans surprise fait l’objet d’une passe d’armes entre les deux candidats. Donald Trump a assumé d’avoir contribué à avoir mis fin à l’arrêt Roe vs Wade qui protégeait ce droit sur l’ensemble du territoire national, estimant que la décision devait revenir à chaque État.

Kamala Harris a sauté sur l’occasion : « Dans plus de 20 États, il y a des interdictions d’avortement siglées Trump ; Donald Trump ne devrait pas dire aux femmes ce qu’elles doivent faire de leur corps », a cinglé Kamala Harris, citant l’exemple de nombreuses femmes obligées de traverser le pays pour pouvoir recourir à un avortement. La candidate démocrate a promis qu’elle ferait en sorte de restaurer la protection sur le territoire américain si elle était élue. Le sujet est majeur et constitue un caillou dans la chaussure des Républicains : une large majorité des électeurs est en faveur de la protection de ce droit.

Guerre en Ukraine et à Gaza, de profonds désaccords

Les attaques entre les deux candidats ont été particulièrement fortes sur les questions internationales, signe de leurs désaccords profonds sur le sujet. Concernant la guerre en Ukraine, Donald Trump a d’abord assuré qu’elle n’aurait jamais eu lieu s’il était encore à la Maison Blanche et qu’il parviendrait même à l’arrêter en quelques semaines s’il était élu, avant même son entrée en fonction officielle. Il a blâmé l’Europe pour son manque de participation financière, assurant qu’il fallait « forcer » le Vieux continent à « dépenser autant » que les Américains. Il a, surtout, réitéré sa volonté de voir s’arrêter la guerre et de négocier « un accord », sans en préciser les termes ni ce que cela impliquerait pour l’Ukraine.

De son côté, Kamala Harris a critiqué les liens de son opposant républicain avec les dirigeants autoritaires, estimant qu’« avec Trump, Poutine serait déjà à Kiev ». Elle s’est félicité que l’Ukraine reste un pays « indépendant et libre » grâce au « soutien, aux armes et aux équipements » américains.

L’épineuse question des massacres du 7 octobre et de la guerre entre Israël et le Hamas a aussi été l’occasion d’attaques virulentes. « Elle déteste Israël. Si elle est présidente, Israël n’existera plus d’ici deux ans. Et en même temps, à sa manière, elle déteste la population arabe », a taclé Donald Trump, dans un propos essentiellement centré sur l’attaque de son adversaire. En face, dans sa volonté de mettre en avant le fond, Kamala Harris a évoqué la nécessité d’une solution à deux États.

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