En Bretagne intérieure, les maisons éclusières reprennent vie

0
99

Après des années de déshérence, des maisons éclusières reprennent vie en Bretagne, où elles sont à la fois source de développement économique pour l’intérieur de la péninsule et une réponse à une demande citoyenne d’un tourisme « en douceur ».

Toute pimpante avec ses plantations récentes qui commencent à grimper le long de sa façade, la maison éclusière de Boju, à Gueltas (Morbihan), a bénéficié de l’un des appels à projet lancé par la Région, en charge des quelque 500 km de voies navigables de Bretagne qu’elle souhaitait animer.

Les postulants -publics, privés ou associatifs- doivent proposer des services (hébergement, petite restauration, location ou réparation de vélos, etc…) pour les usagers du canal et de ses à-côtés, ou encore offrir des activités de loisirs nautiques « nouvelles et innovantes ».

Lorsque le projet est retenu, la région prend en charge le gros œuvre de rénovation de la maison, laissant la remise en état de l’intérieur au porteur de projet avec lequel une Convention d’occupation temporaire (COT) est signée en échange d’un loyer annuel modeste.

La maison de Boju est gérée par la municipalité de Gueltas, commune rurale d’environ 500 habitants.

« C’est vraiment un lieu d’accueil », assure la maire, Sylvette Le Strat. Elle reçoit beaucoup d' »itinérants » qui empruntent à pied, à vélo, voire à cheval, le chemin de halage le long du canal de Nantes à Brest.

L’idée était qu' »on s’y sente comme à la maison » tout en conservant « son âme » lors de la rénovation.

La maison éclusière de Boju, sur canal de Nantes à Brest, le 11 juillet 2022 à Gueltas, dans le Morbihan ( AFP / FRED TANNEAU )

Avec ses volets bleus, pari réussi: au rez-de-chaussée, cuisine et séjour avec cheminée, séparés par l’escalier qui dessert deux chambres à l’étage, soit huit couchages en tout, forment un ensemble rationnel et agréable.

Comme « la maison n’assurait pas à elle seule un emploi, on a décidé de créer à proximité d’autres hébergements », poursuit l’élue.

C’est ainsi que sont nées les « pénettes », posées sur l’eau un peu plus loin et inspirées des embarcations qui assuraient autrefois le transbordement du bétail d’une rive à l’autre.

Des « pénettes » sur le canal de Nantes à Brest, le 11 juillet 2022 à Gueltas, dans le Morbihan ( AFP / FRED TANNEAU )

Leur répondent sous les arbres quelques mini-logements en bois aux formes arrondies, comme des cocons, offrant juste le couchage et l’abri pour les vélos. Le tout avec la volonté que « ça reste abordable »: de 30 à 40 euros la nuit.

Et, pour répondre à la demande des hôtes, une crêperie, face au canal, s’est ouverte cette année. Au total, « on a créé sur le site quatre emplois », pour partie saisonniers, indique Mme Le Strat.

– Gîtes flottants –

Quelques dizaines de kilomètres plus loin, Eddy Pellan a monté son projet dans un esprit différent, plutôt à destination des pêcheurs: deux gîtes flottants, de vrais petits appartements avec terrasse, tout équipés, y compris pour l’hiver. Le tout avec phytoépuration.

Une chambre dans une maison éclusière rénovée à Gueltas, dans le Morbihan, le 11 juillet 2022 ( AFP / FRED TANNEAU )

« Non seulement mon idée a séduit la Région mais on a rajouté une activité de bateaux électriques, sur le quai fluvial de Josselin, au pied du château”, se réjouit-il.

Non loin de Gueltas, la maison éclusière de Poulhibet se transforme l’été en salle d’exposition.

Mais elle se veut avant tout au service des itinérants: « de l’eau à disposition, des toilettes sèches, un barbecue, des tables de pique-nique », énumère Monique Le Clézio, secrétaire de l’association ”Canal Guerlédan-Pontivy”, qui anime le lieu.

Ces activités le long des voies d’eau, « ça fait partie aussi de cette nouvelle façon de consommer les vacances qui est un peu en slow, en douceur, en découvertes », analyse Gwenola de Araujo, directrice de l’Office de Tourisme de Pontivy Communauté.

« La découverte, ce n’est pas seulement les paysages, c’est aussi de pouvoir manger des choses qu’on ne mangera pas ailleurs, de découvrir de l’artisanat qu’on ne trouvera pas ailleurs », souligne-t-elle

Des cyclistes sur le chemin qui borde le canal de Nantes à Brest, le 11 juillet 2022 à Gueltas, dans le Morbihan ( AFP / FRED TANNEAU )

« La Bretagne intérieure offre quelque chose de différent et répond aux besoins d’un public soucieux de calme et d’un autre type de découvertes (…) ça permet de valoriser notre territoire, y compris nos producteurs, et de créer des emplois », résume Sylvette Le Strat.

Dernière née à Gueltas: une pénette proposant des « massages bien-être » ou des séances de sophrologie. Du réconfort après une journée de vélo!

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici