Florent Pagny parle de son cancer : « Ce n’est pas le scénario qu’on espérait »

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??????????????????????´ ? Son combat contre la maladie, l’histoire de sa reconstruction… Florent Pagny est le portrait de la semaine. Un entretien exceptionnel recueilli par @audrey_crespo pour @7a8 , présenté par @harryroselmack

Vingt-neuf minutes et dix secondes. Devant le téléviseur, la confession nous souffle, au point qu’on en manque. Florent Pagny, dos au mur, ou face au cancer qui revient, garde sa liberté de parler. Cash, sourires, choc, tristesse, bravoure. « J’aurais préféré être là à rigoler, à balancer des vannes et vous dire Tout va bien, c’est nickel, rien n’est revenu ! Mais ce n’est pas le cas. C’est chiant. Je ne peux pas mentir non plus. Ce n’est pas le scénario qu’on espérait. Il a vrillé un peu… »

Le chanteur de 61 ans a longuement donné des nouvelles de sa maladie qu’on espérait derrière lui, ce dimanche soir dans le magazine « Sept à Huit », sur TF 1. Et celles-ci ne sont pas rassurantes. Le crabe n’a pas desserré ses pinces. Il est revenu.

En janvier 2022, le coach historique de « The Voice », même s’il ne participe pas à la nouvelle édition, avait annoncé devoir interrompre la tournée de ses 60 ans après le diagnostic d’une tumeur cancéreuse au poumon. Depuis, la journaliste de TF 1 Audrey Crespo-Mara l’a rencontré à trois reprises, en juin à Paris, en novembre à New York puis, une dernière fois, en janvier en Patagonie, où il a passé l’hiver dans son autre chez-lui, le pays de sa femme. Pagny se livre sans une once de pathos, avec franchise et une sérénité désarmante. À chaque rencontre, l’intervieweuse lui demande de chanter a cappella et il s’en amuse en refusant. Sauf la dernière, il lâche les rimes de son « premier tube », quand il était saisonnier, adolescent, lui qui vient d’un milieu modeste.

Une tumeur « grosse comme un kiwi »

Ne pas se fier à son sourire très doux, et son apparente tranquillité. Lors de leur dernière interview, en janvier, Florent Pagny, d’une dignité remarquable, confie devoir rentrer en France de toute urgence pour subir une nouvelle batterie d’examens. « Il y a un ganglion qui a fixé. Ce qui fait qu’il y a des risques de métastases. Ce n’est peut-être qu’une infection. Je vais à Paris faire une biopsie pour voir ce que c’est. » Il sait qu’il ne maîtrise pas la suite : « Là, ce n’est plus moi qui décide du chemin à vivre. J’ai un truc qui arrive et me rappelle à l’ordre. La maladie me rend triste parce qu’elle me rattrape. »

Des confidences toujours accompagnées d’un regard presque mutin, mais teinté d’une gravité, d’un dépit accompagné d’un petit sourire, comme pour atténuer l’inquiétude de ses fans, de tous ceux qui se sont attachés à son physique de mousquetaire. « J’ai eu beaucoup de chance dans ma vie et j’en ai bien profité. »

Six mois plus tôt, il affichait sa confiance après avoir subi six chimiothérapies et un mois et demi de rayons pour venir à bout d’une tumeur au poumon « grosse comme un kiwi », et « très virulente ». En mars, il n’a plus « ni cheveux ni poils », porte des lunettes « pour ne pas faire trop malade sans les sourcils », se marre-t-il presque, confiant. « Vous avez des nausées et vous ne pouvez pas vomir, c’est dommage », glisse-t-il encore pince-sans-rire. L’interprète de « Savoir aimer » a arrêté de fumer, pris soin de lui et s’est reposé pour suivre son traitement.

L’été passé, grisé d’être « 100 % en rémission », l’interprète de « Caruso » fait le choix de partir dans son havre de paix argentin, pays d’origine de sa femme, Azucena Caamaño. En Patagonie, dans cette nature sublime où il rêve de finir ses jours, il a surveillé ses poumons et passé des scanners à Buenos Aires d’un coup d’avion. Mais l’immunothérapie que lui conseillaient ses docteurs à Paris, il y a renoncé. « Ce n’est pas une folie ? » lui demande la journaliste. Se morfondre à Paris, très peu pour lui.

« Oui, je fais le rebelle mais je ne suis pas totalement inconscient »

« Je me permets de prendre six mois sans rien faire, confie-t-il alors. Je suis allé jusqu’au bout du traitement comme les médecins me l’ont demandé. Mais là, on est sur du préventif. Il faut que je continue à vivre. Je ne peux pas d’un seul coup être toujours à attendre des résultats et des examens médicaux. Je ne peux pas vivre tout le temps là-dedans ». Une attitude enfantine ? « Oui, je fais le rebelle mais je ne suis pas totalement inconscient. On sait que ça peut revenir, ce n’est pas une grippe. Et si jamais il y a quoi que ce soit de plus grave, je serai dans l’avion pour la France », assure-t-il, alors que ses radios attestent de « traces blanches » sur ses poumons.

Deux mois plus tard, devant un camping-car garé au bord d’une rivière, entouré de sa femme et de sa fille, Pagny accueille la journaliste avec une mine grave, presque désolée. « Ça fait chier cette histoire. Ça ne s’arrête jamais. Il y a toujours quelque chose qui finit par réapparaître. Maintenant c’est un ganglion qui marque. Je n’ai pas suivi le traitement d’immunothérapie donc il faut vite que je rentre le faire. » Il avoue à regret que la maladie le rend « un peu triste ».

Le chanteur remarque que sa voix n’a pas bougé et le prouve. Il esquisse ou plutôt assume un regret. « J’ai été cinq mois en dilettante. Comme un gamin. Là, il y a un truc qui est plus fort que ma liberté. La réalité médicale me rattrape à chaque fois. » Ses derniers mots sont poignants, même s’il rit encore. Devant ce paysage de lacs, collines et déserts d’Amérique du Sud, il s’imagine partir « comme un vieil Indien ». La conversation s’arrête net sur ces paroles qu’il enrobe du même sourire rassurant, alors qu’on ne sait pas comment va aujourd’hui Florent Pagny, qui se bat quelque part dans la froidure parisienne. Fataliste mais cuirassé d’optimisme.

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