L’ancien ministre Jean-Pierre Soisson est mort à 89 ans

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(FILES) Jean-Pierre Soisson, President of the Burgundy Regional Council, poses at the Regional Council in Dijon, on November 7, 2003. Former minister Jean-Pierre Soisson has died, on February 27, 2024, his family told AFP. (Photo by Fred DUFOUR / AFP)

Cet homme à l’implantation locale profonde a été plusieurs fois ministre, mais également député de l’Yonne et maire d’Auxerre pendant plusieurs décennies. Il est décédé des suites d’un cancer.

Une figure de la droite s’en est allée. L’ancien ministre, député de l’Yonne et maire d’Auxerre Jean-Pierre Soisson est décédé mardi à l’âge de 89 ans, a indiqué sa famille. « Jean-Pierre Soisson est mort paisiblement, entouré de sa famille aujourd’hui », a déclaré l’un de ses deux fils David Soisson. L’ancien responsable politique, homme fort de la Bourgogne et maire d’Auxerre de 1971 à 1998, « luttait depuis de longues années contre un cancer », a-t-il ajouté.

En 1998, cet homme à l’implantation locale profonde qui fut l’homme fort de la Bourgogne avant de s’éloigner du terrain politique depuis 2012 avait fait partie des cinq centristes élus présidents de région grâce au Front national. « Je ne le regrette pas. On avait accepté les voix du FN mais il n’y avait aucune négociation possible avec eux », expliquait-il en 2011, affirmant avoir vécu « difficilement » cet épisode qui ternit son retour à la tête de la Bourgogne.

Après 45 ans de mandats électifs, Soisson venait alors de tirer sa révérence en renonçant à se représenter à l’Assemblée nationale en 2012. Interrogé à l’époque, son successeur à la présidence de la région, le socialiste François Patriat, voyait dans cette alliance passée avec le FN « une tache dont il aura du mal à se défaire ». « Si j’ai eu à le combattre, c’est sur les convictions et les idées », ajoutait Patriat, louant « l’humanisme », « l’altérité » et, non sans ironie, « le sens de l’adaptation » de celui qui voulait alors laisser la « place aux jeunes ».

« Rôle d’assistante sociale »

Homme de terrain au tutoiement facile, célèbre pour son entregent et son goût de la bonne chère, ce séducteur a su entretenir ses relations avec les élus locaux, quelle que soit leur étiquette politique. Jean-Pierre Soisson côtoya sur les bancs du lycée la figure du football auxerrois Guy Roux, et accompagnera la grande épopée de l’AJA. « Sans lui, il aurait été très difficile de réussir ce qu’on a réussi », avait notamment déclaré Guy Roux à son égard.

Partisan d’une « démocratie apaisée », refusant d’être « l’homme de l’affrontement », le député de l’Yonne confiait avoir conçu son engagement politique local comme « un véritable rôle d’assistante sociale », alors qu’il y a « de moins en moins de curés et de médecins ». Longtemps homme fort de la Bourgogne, celui qui a été maire d’Auxerre de 1 971 à 1 998 et constamment réélu député depuis 1968, aimait à rappeler qu’il avait commencé sa carrière politique « avec Edgar Faure ».

Né le 9 novembre 1934 à Auxerre, fils d’un industriel, Jean-Pierre Soisson, sous-lieutenant en Algérie (1957-1959), avait rejoint la Cour des comptes à sa sortie de l’ENA en 1962. Il intègre ensuite des cabinets ministériels, avant de devenir un collaborateur de Valéry Giscard d’Estaing, comme secrétaire général adjoint de la fédération nationale des Républicains indépendants (RI) de 1969 à 1975. Entré au gouvernement dès 1974 comme secrétaire d’État aux Universités, il est nommé ministre de la Jeunesse, des sports et des loisirs (1978-1981) dans le gouvernement de Raymond Barre.

« Séduit par Mitterrand »

Durant le premier septennat de François Mitterrand, Jean-Pierre Soisson se replie sur son fief bourguignon, tout en animant le Parti républicain (PR), dont il est un des fondateurs. Puis en 1988, « séduit par François Mitterrand », il devient le symbole de l’« ouverture » en entrant dans le gouvernement de Michel Rocard comme ministre du Travail (1988-1991). Reconduit à la Fonction publique par Édith Cresson (1991-1992), il sera le ministre de l’Agriculture de Pierre Bérégovoy (1992-1993).

Ce père de deux fils, déjà auteur de plusieurs ouvrages, dont « Charles le Téméraire » (1 997) et « Paul Bert, l’idéal républicain » (2 008), a consacré ses dernières années à l’écriture dont celle de ses mémoires, « Hors des sentiers battus – Chronique d’une vie politique », publiés en 2015. « J’ai conduit mon sillon à peu près droit, et avec honnêteté », jugeait-il dans l’Yonne républicaine à la sortie du livre. Lors des élections présidentielles de 2017 et de 2022, Jean-Pierre Soisson avait apporté son soutien à l’actuel président Emmanuel Macron.

En novembre 2016, Jean-Pierre Soisson avait été fait chevalier de la Légion d’honneur, à titre militaire, pour son service pendant la guerre d’Algérie.

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