Médicaments: comment le gouvernement veut endiguer les pénuries

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Salomé Robles avec AFP

Aider les médecins à prescrire des alternatives aux médicaments non disponibles, intensifier le bon usage des antibiotiques: le gouvernement a annoncé ce mercredi 21 février des mesures pour endiguer les pénuries.

En 2023, près de 5.000 signalements de ruptures ont été remontés à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). C’est 31% de plus qu’en 2022 et 123% par rapport à 2021.

« C’est un manque de chance pour le patient d’avoir accès à son traitement », déplore sur BFMTV Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine.

Les tensions d’approvisionnement des médicaments se sont amplifiées ces dernières années partout en Europe. Ces pénuries sont dues à plusieurs motifs, notamment la hausse de la demande mondiale, une capacité de production insuffisante et des prix de vente de certains traitements jugés peu attrayants par les laboratoires.

Relocalisations

D’abord, des efforts de relocalisation et de hausse de la capacité de production visent une sous-liste de « 147 médicaments stratégiques », ceux pour lesquels la France dépend le plus des importations extra-européennes, selon cette « feuille de route » prolongeant celle de 2019-2022.

« La meilleure manière de ne pas manquer de quelque chose, c’est de le produire chez nous, en France et en Europe », a déclaré le ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure, après une réunion avec les acteurs de la chaîne du médicament.

« D’ici mai, on va annoncer le nombre et l’identité des usines qu’on va aider » pour augmenter leur capacité de production en France, a-t-il ajouté.

De nouvelles ouvertures de lignes de fabrication doivent être annoncées ces prochains mois, promet le gouvernement. « Il faut relocaliser mais aussi éviter les départs. Désormais, si un industriel veut arrêter un médicament important, il devra tout faire pour trouver un repreneur », avance Roland Lescure auprès du Parisien.

De plus, les officines devront également limiter leurs approvisionnements directs auprès des laboratoires et passer le plus souvent par les grossistes répartiteurs.

Proposer des « équivalences »

En outre, il s’agira également de prescrire des alternatives aux médicaments non disponibles. Pour cela, les pharmaciens vont pouvoir s’appuyer sur des « tableaux d’équivalence », établis par l’ANSM.

Des travaux sont menés pour « que le médecin, sur son logiciel de prescription puisse effectivement savoir que tel ou tel produit n’est pas disponible le jour où il veut le prescrire », a indiqué la ministre en charge de la Santé, Catherine Vautrin. Ce programme pilote est prévu pour 2025.

« Soit on a plusieurs médicaments de différentes entreprises sur le marché qui ont la même composition, soit, en cas de pénurie d’un nouveau médicament, on pourra par exemple utiliser l’ancienne version », détaille le Dr Jean-Pierre Thierry, consultant santé BFMTV.

Le gouvernement affirme qu’il faudra informer les patients de façon « fiable et précise » s’ils n’arrivent pas à trouver ce qu’un médecin leur a prescrit.

Bon usage du médicament

En parallèle, le gouvernement veut continuer sa communication sur le « bon usage » des médicaments. L’accent va porter sur l’adaptation du conditionnement à la durée du traitement et sur l’utilisation d’une « ordonnance de non prescription d’antibiotiques », document que peut remplir un médecin pour expliquer à son patient pourquoi il ne lui prescrit pas d’antibiotiques.

« Certaines pharmacies proposent déjà de fournir le nombre de comprimés nécessaire. Mais je suis prête à aller plus loin et à travailler sur le conditionnement », avance également Catherine Vautrin dans Le Parisien.

Si un médicament est par exemple habituellement prescrit à une dose d’un par jour pendant une semaine, il pourrait être délivré par boîte de sept et non de cinq comprimés.

Article original publié sur BFMTV.com

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