Paris : l’escort pose dans les locaux de l’Hôtel de Ville et accuse la mairie de proxénétisme

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L’Hôtel de Ville de Paris décrit comme un « bordel géant ». Anne Hidalgo traitée de « proxénète ». Ces juxtapositions surréalistes résultent d’une « action » menée par Icy Diamond, 22 ans, « escort » comme elle se définit elle-même, transgenre, actrice porno.

Samedi 11 mars, dans le cadre de la Nuit des Fiertés, l’Hôtel de Ville prête alors ses salons, comme pour d’autres évènements, à l’association Mag Jeunes LGBT (Mouvement d’affirmation des jeunes lesbiennes, gais, bi, trans et +). « La soirée était ouverte au public muni de billets achetés sur Internet, précise la mairie. La Ville n’est pas à l’origine de la liste d’invités. »

Ce soir-là, Icy Diamond, qui se joint aux réjouissances, y apparaît en minijupe et crop-top en latex rose, faux cils, talons aiguilles à paillettes. L‘escort prend une pose lascive, allongée en haut de l’escalier d’honneur de l’Hôtel de Ville. Précisant sur son post Instagram : « La liberté guidant le peuple au milieu des ors de la République ».

L’escort publie encore d’autres photos, qu’elle légende ainsi : « Madame Hidalgo, vous devez rendre des comptes en tant que proxénète puisque non seulement vous tirez profit de la prostitution avec vos arrêtés mais vous l’hébergez dans vos locaux ! » Pour illustrer son propos, Icy Diamond affirme qu’elle a performé une fellation à un client dans les toilettes. « J’ai même filmé », assure-t-elle.

Icy Diamond est impliquée dans le Syndicat du Strass, ce qu’elle revendique dans ses posts. Ce collectif français défend depuis 2009 les droits des prostitués et des actrices pornographiques, dénonce la loi de 2016 pénalisant les clients et fragilisant les prostituées, et entend lutter contre leur discrimination et leur marginalisation, notamment en termes de statuts professionnels, de protection sociale et de retraite.

Le Strass, un syndicat « à double face », selon certains

Pour d’autres, le Strass est « une instance corporatiste confondant défense des droits des prostituées et intérêts des proxénètes ». En 2020, une tribune dénonçant la « double face » du syndicat était parue dans le journal L’Humanité.

Ce mercredi, Anaïs de Lenclos, sa porte-parole, recadre le débat et se désolidarise de l’action menée par Icy Diamond : « Nous n’étions pas au courant de cette soirée. Nous n’étions pas invités. On ne lui jette pas la pierre mais on ne la soutient pas. Ça ne correspond pas à nos actions. » Pourtant, sur Internet, le Strass a bien relayé ses publications.

La politique de la Ville de Paris critiquée

Selon Lorraine Questiaux, avocate au barreau de Paris, acteur majeur des dossiers de justice de prostitution et pornographie, membre du Nid, l’association d’aide aux prostituées, cette polémique est destinée « à mettre la pression sur des personnes à l’Hôtel de Ville, où il y aurait deux clans parmi les élus » : les abolitionnistes et les autres.

En ligne de mire, aussi, les arrêtés de la Ville visant à compliquer la vie des travailleuses du sexe dans les bois de Boulogne et Vincennes, mais aussi dans le quartier de Belleville. Leurs représentants réclament au contraire un accompagnement, notamment pour mieux garantir leur sécurité.

Contactée ce mercredi, la Ville, qui dénonce « l’instrumentalisation de ce bel événement au profit de la lutte contre les LGBTQIphobies », n’excluait pas de porter plainte, tandis que les accusations pour proxénétisme d’Icy Diamond semblent plutôt sans fondements.

Si elle ne se focalisait pas sur les accusations de proxénétisme visant Anne Hidalgo, elle indiquait en revanche sur la présumée fellation « avoir pris connaissance d’allégations rapportant des incidents dans l’enceinte de ses salons. Aucun élément ne permet d’étayer les allégations de l’intéressée. Si des compléments nous étaient apportés, nous examinerions les suites, notamment judiciaires, qu’il conviendrait d’y apporter ».

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