TotalEnergies : des échauffourées à Paris avant une assemblée générale sous haute tension

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(FILES) This file photo taken on October 10, 2022 shows the logo of TotalEnergies at the Total Energy refinery site, in Gonfreville-l'Orcher, near Le Havre, northwestern France. - TotalEnergies boss Patrick Pouyanne said on Janaury 18, 2023 that he was prepared to "discount" electricity supply contracts concluded in 2022 with small and medium-sized enterprises (SMEs) at high prices, estimating that 6,000 customers were affected. (Photo by Lou BENOIST / AFP)

Des militants écologistes sont présents devant la salle parisienne où doit se tenir l’AG de Total, à 10 heures ce vendredi. L’an dernier, des actionnaires avaient été empêchés d’y aller.

Il fallait s’y attendre. Après BP et Shell, vient le tour de TotalEnergies : le géant français des hydrocarbures se prépare à vivre une assemblée générale électrique, ce vendredi matin. Selon plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, des militants écologistes sont d’ores et déjà présents devant la salle où doit se tenir la réunion. Une dizaine d’entre eux ayant réussi à s’asseoir par terre devant l’entrée de la salle a été délogée par les forces de l’ordre dès l’aube ce vendredi.

La réunion arrive à la fin d’une saison d’AG houleuses, où des militants ont multiplié les actions contre les grands groupes, accusés de financer l’expansion de projets d’hydrocarbures. Le tout sur fond de profits faramineux : ensemble, les majors BP, Shell, ExxonMobil, Chevron et TotalEnergies affichent plus de 40 milliards de dollars de bénéfices ce trimestre, après une année 2022 grandiose.

Éviter le scénario de l’an dernier

Signe des tensions sur la réunion prévue à 10 heures, TotalEnergies interdira aux actionnaires et aux journalistes d’utiliser leurs téléphones portables, et les obligera à laisser certains effets personnels à l’entrée. L’entreprise veut surtout éviter le scénario chaotique de l’année dernière quand des militants d’ONG avaient empêché des actionnaires de pénétrer dans l’AG.

Le siège de TotalEnergies aspergé de peinture rouge et noire par des militants écologistes

Cette année, une coalition d’ONG a appelé explicitement à bloquer la réunion prévue Salle Pleyel, dans les beaux quartiers parisiens. Les autorités s’attendent à la présence de 200 à 400 militants. Ils « veulent absolument empêcher la tenue de l’AG », selon une source policière.

« L’AG de Total n’aura pas lieu », ont d’emblée prévenu fin avril dans une tribune les signataires 350.org, Alternatiba, Amis de la Terre, ANV-COP21, Attac, Greenpeace, Scientifiques en rébellion et XR. « Cette assemblée générale prévoit de perpétuer la stratégie du pétrolier : toujours plus de projets fossiles et une répartition injuste des superprofits qui alimente l’injustice climatique et sociale », dénoncent-ils.

Parmi les sujets brûlants, les quelque 1,5 million d’actionnaires individuels, présents ou en ligne, sont appelés à voter sur une résolution consultative émanant de l’organisation d’actionnaires activistes Follow This, qui s’attaque principalement aux émissions indirectes de CO2. Autrement dit celles liées à l’utilisation du pétrole par ses clients dans les voitures ou pour se chauffer (scope 3 dans la comptabilité carbone), l’équivalent de 85 % de son empreinte carbone.

Une coalition de 17 investisseurs – dont La banque PostaleAM, Edmond de Rotschild AM ou La Financière de l’Echiquier, qui détiennent près de 1,5 % de TotalEnergies – lui demande d’aligner ses objectifs de réduction sur l’accord de Paris de 2015, afin de limiter le réchauffement planétaire à +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle., Le groupe recommande de voter contre, jugeant la résolution « contraire aux intérêts » de TotalEnergies, « de ses actionnaires et de ses clients ».

La hausse du salaire du PDG à l’ordre du jour

La major va néanmoins faire valoir ses efforts pour le climat et appelle ses actionnaires à « voter en faveur » de sa propre résolution climatique. Cette stratégie officielle se concentre surtout sur ses émissions directes, issues de ses opérations et celles liées à l’énergie qu’elle consomme (périmètres dits du « scope 1 et 2 »).

Soumise pour la troisième année à l’approbation des actionnaires, elle comporte un renforcement des engagements, comme de ne pas dépasser 38 MT de CO2 d’émission en 2025 par rapport à 2015. Même si le groupe n’envisage pas de baisser drastiquement ses émissions directes dans la décennie, il affiche une politique ambitieuse dans les énergies bas carbone, comptant y consacrer un tiers de ses investissements et atteindre 100 GW de capacités d’électricité renouvelable d’ici 2030.


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« Ce sont les revenus des hydrocarbures qui nous permettent d’investir massivement et de développer les renouvelables », a fait valoir le PDG Patrick Pouyanné, mercredi, dans une interview au magazine Challenges. Le groupe est présent dans de nombreux projets de gaz naturel liquéfié et de pétrole, aux Émirats arabes unis, en Irak, en Papouasie ou encore en Ouganda, avec le projet controversé de l’oléoduc chauffé Eacop devenu un symbole médiatisé de la lutte anti-pétrole.

« On n’a pas su anticiper », a concédé à Challenges, Patrick Pouyanné, au sujet de cette polémique, qui s’ajoute à bien d’autres pour le groupe, critiqué pour son bénéfice record de 20,5 milliards de dollars (19,12 milliards d’euros) en 2022, ses impôts en France ou le salaire du PDG. Une hausse de 10 % de sa rémunération pour 2023 est d’ailleurs à l’ordre du jour de l’AG.

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