Entre Nadal et Paris, l’histoire est presque finie : « Quoi qu’il arrive, je suis en paix avec moi-même »

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Le plus grand joueur de l’histoire du tournoi a été sorti dès le premier tour par Alexander Zverev. Sans faire d’adieux et avec la ferme intention de revenir dans la capitale fin juillet pour disputer les Jeux olympiques…

« Je ne sais pas si c’était la dernière fois que je jouais ici, mais si c’est le cas, j’en ai profité… » Micro en main, Rafael Nadal salue le public du court Philippe-Chatrier, qui scande des « Rafa, Rafa », pour retenir un peu plus l’Espagnol au centre de sa terre promise.

VidéoRafael Nadal éliminé dès le premier tour de Roland-Garros

Lundi après-midi, sous un Central couvert parce que le ciel de Paris commençait déjà à verser de grosses larmes, le miracle n’a pas eu lieu. Pendant trois heures et cinq minutes, le Manacori, qui aura 38 ans le 3 juin, a donné tout ce qu’il pouvait. Et c’était déjà beaucoup par rapport à ses capacités des dernières semaines. Loin d’être suffisant, pourtant, pour faire sortir de sa route Alexander Zverev, n° 4 mondial, l’un des favoris du tournoi (6-3, 7-6 (5), 6-3).

« J’étais préparé pour gagner quelques matchs »

« Ma sensation, c’est que je n’étais pas si loin de faire quelque chose de grand, souffle l’homme aux 14 titres parisiens après son quatrième revers en 116 matchs (!). J’ai bien joué par moments, fait des erreurs à d’autres. Mais on ne construit pas une maison en deux jours, avec trois petits tournois et une semaine de vrai entraînement. J’ai manqué de confiance, d’automatismes. Je ne suis pas un grand fan des et si…, mais je sentais que j’étais préparé pour gagner quelques matchs, ce que je n’avais jamais ressenti dans les tournois précédents. »

Même si l’ancien n° 1 mondial avait prévenu les organisateurs de laisser au vestiaire toute cérémonie funéraire et le « trophée légende », savant mélange de brique pilée, cailloux concassés et mâchefer qu’on remet aux retraités, on s’attendait à plus de passion dans les tribunes qui, pour une fois, affichaient complet dans un après-midi de premier tour.

L'enfant chéri du court Philippe-Chatrier s'est exprimé au micro après sa défaite.
L’enfant chéri du court Philippe-Chatrier s’est exprimé au micro après sa défaite. LP/Olivier Lejeune

Après s’être chauffés au rituel décompte des années dorées du Majorquin par le speaker Marc Maury, les 15 000 spectateurs ont longtemps hésité, peut-être inquiets de voir le spectacle qu’allait leur proposer le maître des lieux. Il a fallu que Nadal lui-même aille les chercher d’un énorme saut ponctué d’un tonitruant « vamos » au début du deuxième set pour faire enfin monter les décibels sous le regard de quelques camarades de jeu. Et non des moindres.

Novak Djokovic, Carlos Alcaraz ou Iga Swiatek n’auraient pas voulu rater une poussière des probables adieux de Rafa. « Je ne les ai pas vus, mais d’une certaine manière, c’est normal, si c’est la dernière fois que je devais venir ici, analyse-t-il. Si je savais que Novak doit jouer son dernier Wimbledon ou Open d’Australie, je serais là. Carlos et Iga m’ont vu pendant tellement d’années à la télé… C’est logique qu’ils soient intéressés, surtout avec toute l’histoire que j’ai dans ce tournoi. Je suis heureux de ça, ça veut dire que je laisse un héritage positif ici et dans ma carrière. »

Rendez-vous fin juillet à… Roland-Garros

Le clan du Majorquin était lui aussi au complet. Parents, grands-mères, oncles, sœur, épouse et petit Rafael Jr aux premières loges. Des proches émus, sans doute nostalgiques, mais pas vraiment tristes. « On dit : c’est peut-être la fin, et c’est normal d’être ému, mais je n’ai pas pleuré, glisse Toni Nadal, oncle et ancien coach du champion ibère. Il y a eu des moments plus émouvants que ça, la finale de 2010 par exemple (contre Söderling). J’ai été fier de lui. Je pense qu’il aurait pu gagner. C’est dommage que ce match soit arrivé si tôt dans le tournoi. Son niveau n’est pas loin de celui de Zverev ou d’autres.

Même sensation chez l’ancien finaliste à Paris David Ferrer, qui a accompagné l’échauffement de son compatriote dans la matinée. « Zverev a dû jouer à un très haut niveau pour gagner en trois sets, lâche l’ex-n°3 à l’ATP. Avec un bel enchaînement de matchs dans les jambes, ça aurait pu le faire. »

Comme il le répétait depuis quelques jours, le détenteur de 22 Grands Chelems refuse donc de refermer définitivement son grand livre de Roland-Garros. « Mais quoi qu’il arrive, je suis en paix avec moi-même, lance-t-il. Pendant vingt ans, je me suis préparé pour ce tournoi, et depuis deux ans je suis passé par des moments très difficiles, des mois sans voir la lumière. Je n’ai pas toujours maintenu l’espoir, mais au moins la discipline de faire tout mon possible pour revenir ici et de m’entraîner au quotidien. Et au final, je l’ai fait ! »

Au moment même où on a l’impression de l’enterrer, Nadal, lui, se verrait presque revivre quelque temps. « Je ne peux pas vous dire comment je serai dans un mois ou deux, j’ai dû me battre contre tellement de choses, mais la dynamique est positive, poursuit-il. Là, je pense que je serai en état de jouer demain… mais je n’aurai malheureusement pas à le faire. »

Ce n’est que partie remise. Nadal a bien l’intention de remettre les pieds sur son court fétiche fin juillet pour les JO de Paris.

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