Les négociations commerciales s’achèvent mercredi entre des grandes surfaces appelées par Emmanuel Macron à “participer à l’effort”, et leurs fournisseurs de l’agro-industrie. Les discussions, houleuses dans un contexte inflationniste, présagent de nouvelles hausses de prix.
Combien coûtera le panier de courses en mars, en mai ou en juillet? Le prix d’une majorité des produits vendus dans les grandes surfaces alimentaires, du leader E.Leclerc à Casino en passant par Carrefour, dépend des conditions d’achat négociées jusqu’à mercredi minuit par ces enseignes avec leurs fournisseurs de yaourts, jambon et biscuits.
Au Salon de l’agriculture samedi, le président français a appelé les distributeurs à “participer à l’effort”. “On ne peut pas demander un effort” aux agriculteurs, vu la hausse de l’énergie et des “intrants divers”, a-t-il estimé, et les agro-industriels, “beaucoup de PME partout sur le territoire”, “ont fait un effort considérable ces dernières années”.
De leur côté, les grandes surfaces crient à l’absence de transparence et à des demandes de hausses exagérées, le patron de Carrefour Alexandre Bompard qualifiant même certaines de “délirantes”.
Quelle que soit l’issue des négociations, les prix en rayon vont encore augmenter.
Déjà, parce que les supermarchés se sont engagés en décembre –dans un document juridiquement non contraignant– à “prendre en compte, sans les négocier, les hausses de coûts subis” par leurs fournisseurs, surtout les plus petits.
Ensuite, parce que les demandes de hausses sont “tout sauf délirantes”, dixit Jean-Philippe André, président du lobby de l’agroalimentaire Ania. “Les matières premières sont plus chères que l’an dernier, et nous avons acheté l’énergie aux tarifs actuels pour toute l’année.”
L’expression “mars rouge” a fait florès pour décrire la flambée des prix qui pourrait intervenir à cette période. En réalité, il “va y avoir encore de l’inflation alimentaire (…) tout au long du premier semestre 2023”, a prédit le président de Système U Dominique Schelcher lundi sur France inter.
– “Vitales” –
Entrées dans leur dernière ligne droite, les négociations (qui concernent les produits vendus sous marques dites “nationales”, comme Danone ou Fleury Michon) vont encore une fois durer jusqu’à la dernière minute (fixée à minuit, mercredi soir).
Selon l’Ania, seul un industriel sur deux avait signé tous ses contrats avec ses clients distributeurs en milieu de semaine dernière, un taux inhabituellement bas à quelques jours de la clôture.
Le leader français des produits laitiers Lactalis n’a signé qu’avec deux enseignes sur cinq à moins de 48 heures de l’échéance, a-t-il affirmé lundi à l’AFP, en marge du Salon de l’agriculture,
“C’est très très tendu, encore plus que les années d’avant”, a affirmé Christophe Piednoël, directeur de la communication du groupe, qui fait face à un “vrai refus” des enseignes de prendre en compte la hausse de ses coûts de production (énergie, emballages…).
“Les hausses de prix sont difficiles à accepter pour les consommateurs mais elles sont vitales pour préserver l’activité agricole et les outils industriels”, a déclaré le président de l’organisation défendant les intérêts des coopératives laitières, Pascal Le Brun.
Selon lui, ses adhérents (Sodiaal, Eurial, Laïta…) veulent vendre “entre 15 et 20%” plus cher qu’en 2022.
La distribution assure ne pas pouvoir absorber seule ces hausses de tarifs et devra donc les répercuter sur ses clients, qui ont déjà subi 12% d’inflation alimentaire en 2022 et font aussi face à la hausse du gaz ou du carburant.
A cette inflation alimentaire déjà subie, ce sont “environ 10%” supplémentaires qui vont s’ajouter “dans les semaines et les mois qui viennent”, selon M. Schelcher.
Le gouvernement essaie d’apporter des réponses avec un projet de panier anti-inflation, une sélection de références au meilleur rapport qualité/prix, qui fait face toutefois à de nombreuses critiques et incertitudes.
Les ménages français n’ont pas attendu pour s’adapter, en se tournant vers des produits à peu près équivalents mais plus économiques, comme des premiers prix, et vers des enseignes perçues moins chères.
Une quête du plus petit prix qui motive d’autant plus les supermarchés à obtenir les meilleures conditions d’achat possibles pour afficher des tarifs moins élevés que la concurrence.
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