Julian Assange « libre » : les grandes dates d’une saga judiciaire de plus d’une décennie

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A view of a placard depicting WikiLeaks founder Julian Assange outside the high court on the day Assange appeals against his extradition to the United States, in London, Britain, February 20, 2024. REUTERS/Isabel Infantes

Le fondateur de WikiLeaks a accepté de plaider coupable devant les autorités américaines. Il devra donc comparaître pour « complot pour obtenir et divulguer des informations relevant de la défense nationale ».

C’est une affaire qui dure depuis plus d’une décennie. Une saga judiciaire, entamée il y a 14 ans et qui voit un nouveau chapitre s’écrire. Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange a accepté de plaider coupable devant les autorités américaines. Ce lundi, il a été libéré de la prison de haute sécurité près de Londres où il était incarcéré depuis cinq ans. L’Australien de 52 ans a quitté, dans la foulée, le Royaume-Uni. Retour sur plus de 10 ans de bataille judiciaire.

Les débuts des WikiLeaks

Lorsqu’il lance WikiLeaks pour « libérer la presse » et « démasquer les secrets et les abus d’État », en 2006, Julian Assange devient, selon un de ses biographes, « l’homme le plus dangereux du monde ». C’est quatre ans plus tard, en 2010, qu’il se fait connaître du grand public.

En juillet de cette année-là, la presse mondiale publie 70 000 documents confidentiels sur les opérations de la coalition internationale en Afghanistan diffusés par le site Internet WikiLeaks. Quelque 400 000 rapports concernant l’invasion américaine en Irak paraissent en octobre puis, un mois plus tard, le contenu de 250 000 câbles diplomatiques américains.

Ces révélations lui valent d’être présenté comme un champion de la liberté d’informer. Mais tout le monde ne l’entend pas de cette oreille. Dix ans avant son arrivée à la Maison Blanche, Joe Biden, alors vice-président de Barack Obama, estimait que Julian Assange s’apparentait davantage à un « terroriste high-tech » qu’à un héritier des « Pentagon papers » ayant révélé dans les années 1970 les mensonges des États-Unis sur la guerre du Viêt Nam.

Premier mandat d’arrêt

Le 18 novembre 2010, la Suède émet un mandat d’arrêt européen contre Julian Assange dans le cadre d’une enquête pour viol et agression sexuelle de deux Suédoises en août 2010. L’Australien assure qu’elles étaient consentantes. Les faits d’agressions sexuelles seront prescrits en 2015, tandis que l’enquête pour viol sera classée sans suite en 2019.

Le 7 décembre 2010, Julian Assange se livre à la police britannique. Il est détenu neuf jours puis assigné à résidence. En février 2011, un tribunal londonien valide la demande d’extradition suédoise. L’Australien redoute d’être ensuite extradé aux États-Unis et d’y encourir la peine de mort pour la publication de centaines de milliers de documents américains.

Sept ans à l’ambassade d’Équateur

Le 19 juin 2012, Julian Assange, déguisé en coursier, se réfugie à l’ambassade d’Équateur à Londres et demande l’asile politique. L’Équateur, alors présidé par la figure de proue de la gauche sud-américaine Rafael Correa, le lui accorde en août. Il restera cloîtré dans cette représentation diplomatique pendant près de sept ans et obtiendra la nationalité équatorienne, avant d’en être déchu.

VidéoWikiLeaks : Julian Assange « libre » après un accord avec la justice américaine

Arrestation et premières condamnations

Le 2 avril 2019, le président équatorien Lenin Moreno, en rupture avec son prédécesseur, affirme que Julian Assange a violé l’accord sur les conditions de son asile. Le 11, la police britannique l’arrête dans l’ambassade en vertu d’une demande d’extradition américaine pour « piratage informatique ».

Le 1er mai, il est condamné à 50 semaines de prison par un tribunal londonien pour violation, sept ans auparavant, des conditions posées à sa liberté provisoire. Le 23 mai 2019, la justice américaine l’inculpe de 17 nouveaux chefs en vertu des lois anti-espionnage. Il encourt jusqu’à 175 ans d’emprisonnement.

Ce même mois, le rapporteur de l’ONU sur la torture, après l’avoir rencontré en prison, estime qu’il présente « tous les symptômes (d’une) torture psychologique ».

Les demandes d’extraditions

Le 24 février 2020, la justice britannique commence à examiner la demande de feu vert à la requête américaine d’extradition, mais la rejette début 2021, estimant que les conditions d’incarcération aux États-Unis font peser un risque de suicide. Julian Assange reste en détention.

Le 10 décembre 2021, la Haute Cour de Londres annule en appel le refus d’extradition, estimant que les États-Unis ont fourni des assurances sur le traitement qui lui serait réservé. Le 14 mars 2022, la Cour suprême britannique refuse de se saisir d’un recours.

Le 20 avril, le tribunal de Westminster Magistrates à Londres rend officiellement une ordonnance d’extradition, signée, en juin, par la ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel. L’Australien fait appel de cette décision le 1er juillet 2022.

Accord avec les autorités américaines

En novembre 2022, cinq grands journaux (The New York Times, The Guardian, El Pais, Le Monde et Der Spiegel) puis le Premier ministre australien appellent les États-Unis à abandonner les poursuites.

Deux jours d’audience sont organisés en février 2024 à la Haute Cour de Londres pour examiner la possibilité d’accorder à Julian Assange un dernier recours contre son extradition. Souffrant, l’Australien n’y participe pas. Après avoir demandé des nouvelles assurances à la justice américaine, les deux juges britanniques décident le 20 mai d’accorder à Julian Assange la possibilité d’à nouveau faire appel. Celui-ci devait être examiné les 9 et 10 juillet.

Entre-temps, le 24 juin, l’Australien conclut un accord de plaider coupable avec les autorités américaines, ce qui lui permet d’être, à nouveau, libre. Julian Assange quitte le Royaume-Uni aussitôt et doit comparaître pour « complot pour obtenir et divulguer des informations relevant de la défense nationale » devant un tribunal fédéral des îles Mariannes, territoire américain du Pacifique.

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