Basta dit “basta”. Après la victoire en Challenge Cup avec Toulon, dernier trophée d’un immense palmarès obtenu après 16 ans au plus haut niveau, l’ancien international français Mathieu Bastareaud, joueur atypique, aussi sensible que puissant, va mettre un terme à une carrière tout sauf linéaire.
“Ce sera mon dernier trophée et, la semaine prochaine, ce sera mon dernier match à Mayol (contre l’UBB, NDLR). J’ai serré les dents pendant un an parce que j’ai dit que je voulais finir sur mes deux jambes. C’est chose faite. J’ai dit que je voulais au moins gagner un titre en revenant à Toulon parce que je n’étais pas revenu à l’EHPAD et voilà, j’ai la chance de gagner un dernier trophée avant de tirer ma révérence”, a confié le trois-quart centre au physique hors normes, reconverti en troisième ligne ces dernières années, sur la pelouse de Dublin.
En une déclaration, tout est dit pour cet ex-taulier du XV de France (54 sélections), qui aura nettement plus gagné avec Toulon – trois Coupes d’Europe consécutives de 2013 à 2015, un Top 14 en 2014 et donc un challenge européen en 2023 – qu’avec les Bleus – un Grand Chelem tout de même en 2010.
La carrière de “Bastarocket” en équipe de France est faite de hauts et de bas, de sa première convocation en 2007 à 18 ans à peine, alors qu’il n’avait pas encore joué un match à en pro et qu’il évoluait à Massy en Nationale, à sa non-convocation pour le Mondial-2019 au Japon en passant par le Grand Chelem 2010, alors que les Bleus de Dusautoir sont entraînés par Marc Lièvremont.
Mais le passage en Bleu de ‘Basta’ aura surtout été marqué par l'”affaire de la table de nuit” d’Auckland, lors d’une tournée d’été de l’équipe de France en Nouvelle-Zélande et dont les répercussions diplomatiques et médiatiques l’ont conduit à une tentative de suicide. Le joueur avait reconnu avoir inventé une agression à son encontre, un mensonge remonté au sommet des deux États, conduisant les Premiers ministres des deux pays à se présenter tour à tour des excuses mutuelles.
– Table de nuit –
Incarnation du rugby frontal, la “boule de démolition” Bastareaud est un joueur puissant, capable également de gratter les ballons dans les regroupements. Ce style caractéristique lui aura coûté sa place en équipe de France sous l’ère Guy Novès (2016-2017), qui défendait un projet davantage porté sur le mouvement et la vitesse.
Mais faute de résultats et peut-être incité par Bernard Laporte, un des mentors du Francilien, devenu président de la Fédération, Novès a fini par céder et lui redonner une chance. Le cousin du footballeur William Gallas s’en est saisi et s’est même offert trois capitanats avec le XV de France dans un rôle de guide pour une jeune génération émergente.
Ce fan de manga et de culture nippone ne fera pourtant pas le voyage au Japon en 2019, privé de Coupe du monde dans la dernière ligne droite, à nouveau sacrifié sur l’autel de la mobilité.
Las, l’ancien joueur du Stade français (2007-2011) et de Lyon (2019-2022) s’est offert une pige américaine en signant pour quatre mois au RU New York, cherchant “peut-être un peu plus de tranquillité, profiter plus de (s)a famille”.
“Je veux tenter une nouvelle expérience dans un pays inconnu. Je ne suis allé qu’une fois là-bas, pour signer mon contrat. J’y vais un peu pour souffler (…) Mais je ne vais pas à New York en vacances. Je suis un compétiteur. J’y vais pour être au top et gagner quelque chose”, expliquait-il alors à l’AFP.
Son retour en France, d’abord à Lyon avant un retour à Toulon, aura été compliqué par de nombreuses blessures, dont une opération des deux genoux qui l’a éloigné des terrains pendant près d’un an. Avant d’aller chercher ce dernier trophée, vendredi en Irlande, en jouant plus d’une mi-temps en tant que centre, son premier poste. Atypique, on vous dit.
mca/lh/hpa