Taha Bouhafs : accusé de violences sexuelles, qui le met en cause ?

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TAHA BOUHAFS. Taha Bouhafs, be bref candidat Nupes aux législatives dans le Rhône et militant antiraciste, est accusé de violences sexuelles. Que sait-on ?

C’est une nouvelle tempête médiatique qui pourrait déferler sur Taha Bouhafs. Le militant antiraciste, très présent sur les réseaux sociaux, avait été l’objet de tensions au sein de l’union de la gauche à la suite de son investiture par la Nupes pour les législatives, du côté de Vénissieux (Rhône). Décrié notamment en raison de sa condamnation pour “injure raciale”, il a finalement jeté l’éponge quelques jours après avoir été investi. Mais s’il a lui-même expliqué s’être retiré en raison d’une “tempête d’attaques sans précédent”, les raisons de son retrait pourraient être bien plus complexes. 

C’est en effet ce que dévoilent BFM TV et Médiapart ce mercredi 11 mai 2022. Sur son site, la chaîne d’info en continu, tout comme le média d’investigation, indiquent que l’homme de 24 ans fait l’objet d’accusations de violences sexuelles. Des faits présumés qui ont été signalés au Comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles de la France insoumise, parti qui avait investi Taha Bouhafs pour les législatives. Les deux médias avancent qu’il s’agit d’un seul témoignage et qu’une procédure a été enclenchée à la suite de ce signalement, enregistré samedi, à la suite de la convention de la Nupes. Rapidement, un entretien a été organisé entre Taha Bouhafs et deux dirigeantes de la France insoumise, les députées Clémentine Autain et Mathilde Panot. C’est à l’issue de cet échange qu’il aurait été convenu d’une mise en retrait du candidat, objet d’attaques de toutes part ces derniers jours.

Qui accuse Taha Bouhafs de violences sexuelles ?

Selon BFM TV, un seul témoignage a été enregistré par le Comité de suivi contre les violences sexistes de LFI. Une affirmation corroborée par Médiapart qui avance que la personne ayant fait le signalement est une ex-petite amie de Taha Bouhafs, selon les dires de ce dernier au site d’investigation. Pas davantage d’informations n’ont, à ce stade, filtré sur l’accusatrice, ni même sur la teneur exacte des faits reprochés au militant. Cependant, Caroline De Haas, militante féministe, ajoute auprès de Médiapart que “deux témoignages différents, de personnes qui ne se connaissent pas”, seraient également dans le dossier, signalés, dit-elle, début mai à une dirigeante de LFI. 

Que répond Taha Bouhafs aux accusations ?

Acculé de toute part, Taha Bouhafs a réagi auprès de Médiapart, évoquant le sujet comme une “calomnie” : “J’étais déjà à bout, le signalement a été la dernière goutte qui m’a conduit à me retirer. Cela fait partie des calomnies évoquées dans mon communiqué.” S’il ne répond pas à l’accusation portée à son encontre, le militant a expliqué vouloir attendre les conclusions de l’enquête : “Je crois profondément dans le combat politique contre les violences faites aux femmes et accepte le processus d’accueil de la parole. Je considère que toute personne faisant l’objet d’accusation doit se retirer de la vie publique dans l’attente de la vérification de cette parole. Ce que j’ai décidé de faire. Je n’ai pas connaissance d’autres alertes.”

Pourquoi Taha Bouhafs retire-t-il sa candidature des législatives ?

Taha Bouhafs, Insoumis de longue date, s’était présenté sous la bannière du Nupes dans la 14e circonscription du Rhône, composée des villes de Vénissieux, de Saint-Fons et de Saint-Priest. Ce poste était jusqu’ici occupé par lé député LREM Yves Blein, qui l’avait emporté au second tour des législatives de 2017 face à Damien Moncheau, candidat FN. A l’époque, les candidats de la gauche étaient arrivés au pied du podium, avec seulement 14,59% des voix au premier tour pour le LFI Benjamin Nivard et 10,45% pour Michèle Picard du PCF. Cette année, Taha Bouhafs devait faire face au policier youtubeur Bruno Attal, engagé pour le parti Reconquête!, qui est également un personnage connu pour ses prises de position très radicales. Ancien syndicaliste, il est défenseur de la théorie du grand remplacement. Il ne s’était pas caché de sa volonté de gagner cette confrontation avec Taha Bouhafs, le qualifiant de “raciste, antisémite et antiflic. Pour sa part, l’ex-candidat LFI avait écrit sur Twitter : Cet agent de l’État qui parle de grand remplacement et qui stigmatise les musulmans et les Français d’origine maghrébine ne gagnera que 2 choses : 1 plainte en justice, 1 raclée électorale le 12 juin”.

Mais l’aventure s’est très vite arrêtée. Investi le 7 mai, retiré deux jours plus tard. Dans un message posté dans la nuit du 9 au 10 mai, il déclarait qu’il ne concourait finalement plus à la députation dans la 14e circonscription du Rhône. Il décrivait une situation très compliquée psychologiquement, avec une pluie de “calomnie”, d'”insulte”, de “menace de mort” chaque jour déversée sur sa personne. “J’espère que cette déclaration ne vous fera pas baissez les bras.” Avant de poursuivre en s’adressant aux militants de la Nupès qui le suivent de près sur les réseaux sociaux : “continuez à vous battre. Pour ma part, j’ai essayé mais je n’y arrive plus.” https://platform.twitter.com/embed/Tweet.html?dnt=false&embedId=twitter-widget-0&features=eyJ0ZndfZXhwZXJpbWVudHNfY29va2llX2V4cGlyYXRpb24iOnsiYnVja2V0IjoxMjA5NjAwLCJ2ZXJzaW9uIjpudWxsfX0%3D&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1523808347559845889&lang=fr&origin=https%3A%2F%2Fwww.linternaute.com%2Factualite%2Fpolitique%2F2629191-taha-bouhafs-accuse-de-violences-sexuelles-qui-le-met-en-cause%2F&sessionId=9eb8ffd59f263cde844f4b90b114a3c3af9f655e&siteScreenName=LInternauteInfo&theme=light&widgetsVersion=c8fe9736dd6fb%3A1649830956492&width=550px

Jean-Luc Mélenchon se désole du retrait de Taha Bouhafs

Si Taha Bouhafs est une figure politique et militante très critiquée, il a toutefois pu compter sur le fidèle soutien de son camp, les Insoumis. Le 29 avril, Alexis Corbière, le porte-parole LFI a, lors de son passage chez Europe 1, dénoncé un “délit de faciès” de la part des adversaires de Taha Bouhafs, voyant dans les attaques récurrentes de ces derniers un “acharnement de petites hyènes”. De la même manière, le n°2 du parti, Adrien Quatennens, a pris position : “Taha Bouhafs n’est pas raciste. Taha Bouhafs est un militant des quartiers populaires dont peut-être la forme et l’expression ne plaît pas à certaines belles personnes” au micro de LCI. Enfin, ce fut au tour de Clémentine Autain, députée LFI, d’affirmer qu’elle soutenait l’investiture de Taha Bouhafs sur le plateau de Public Sénat.

A l’heure de son retrait de la campagne législative, il peut une fois encore compter sur leur soutien. Si Alexis Corbière et Adrien Quatennens ont dit “prendre acte” de cette décision, sans toutefois nier le “constat d’échec” qu’elle représente, d’autres ont ouvertement pris sa défense. C’est le cas de François Ruffin, qui a regretté la grande “uniformité de l’Assemblée nationale”, lors de son passage sur franceinfo le 10 au matin.  “Je souhaite que l’Assemblée nationale soit représentative de la diversité de la société française et on peut considérer que Taha Bouhafs représente une partie de la sensibilité de la population française”, a-t-il poursuivi. Clémentine Autain a quant à elle publié un tweet de soutien, s’indignant du racisme et des discriminations s’abattant en rafales contre un “jeune homme sans diplôme, issu des quartiers populaires et de l’immigration”. Surtout, c’est Jean-Luc Mélenchon en personne qui a regretté ce retrait, estimant qu’une “meute s’est abattue contre lui”, et que cette exposition aux injures devait être “dure à vivre à 25 ans”. Il s’est même désolé de ne pas avoir “su le réconforter autant que nécessaire”. 

Taha Bouhafs, personnage controversé

A seulement 25 ans, ce journaliste indépendant est une personnalité qui fait couler beaucoup d’encre. Originaire d’Isère, il a d’abord couvert l’actualité des luttes et des mouvements sociaux pour les médias Là-bas si j’y suis et Média. Il s’est fait connaître en filmant Alexandre Benalla en train de violenter un couple de manifestants place de la Contrescarpe à Paris, le 1er mai 2018. Il a ainsi été à l’origine de la grande “affaire Benalla”. Militant anti-raciste, il fut aussi, avec le Comité Adama et le Collectif contre l’Islamophobie en France, l’un des initiateurs de la marche contre l’islamophobie le 10 novembre 2019. Cette manifestation, organisée pour dénoncer la stigmatisation des Français de confession musulmane, a suscité les critiques de l’extrême-droite, et avait même fait controverse à gauche, le PS ayant refusé d’y participer. 

Les polémiques se sont alors enchaînées, entre la fausse rumeur qu’il a relayé concernant la mort d’un étudiant après une intervention policière durant l’occupation du campus parisien de Tolbiac ou l’affaire Linda Kebbab. Cette dernière est une syndicaliste policière que Taha Bouhafs avait qualifiée d'”arabe de service” sur Twitter en juin 2020. Linda Kebbab ayant porté plainte, il a été condamné pour délit d’injure publique à raison de l’origine et à une amende de 1500 euros, une décision de justice à laquelle Taha Bouhafs a fait appel. L’affaire est toujours en cours d’examen et n’a pas fini de faire parler d’elle, puisqu’elle est fréquemment utilisée par ses opposants politiques, en particulier à l’extrême-droite, pour le discréditer, lui et son mouvement. De manière générale, les attaques à son encontre sont venues de toutes parts, le communiste Fabien Roussel ayant demandé à ce qu’il retire sa candidature : “Je ne comprends pas que la France insoumise investisse un candidat condamné pour injure raciale”, avait-il expliqué, en référence à l’affaire Linda Kebbab. 

Quoi qu’il en soit, LFI devrait quand même défendre sa voix face à ces opposants. Le 10 au matin, Alexis Corbière a promis qu’il y aurait une candidature dans cette circonscription, le parti ne souhaitant pas laisser la communiste Michèle Picard le doubler.

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