« VA-OM » : il y a trente ans éclatait le plus grand scandale de l’histoire du football français

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Le procureur de la république Eric de Montgolfier (D) écoute l'ancien président de l'équipe de football l'OM, Bernard Tapie (G) lors du procès VA-OM. Bernard Tapie s'adresse à la presse lors d'une suspension de séance des débats sur les subordinations de témoins, le 17 mars 1995, à Valenciennes. AFP THOMAS COEX (Photo by THOMAS COEX / AFP)

Le 20 mai 1993, six jours avant le sacre européen de l’OM, débutait une affaire de corruption sans précédent. Avant le dernier match de championnat précédant la finale de C1, l’OM a tenté d’acheter trois Valenciennois pour qu’ils lèvent le pied. Le scandale « VA-OM » mènera Bernard Tapie derrière les barreaux et l’OM au purgatoire.

Grâce au but de Basile Boli et la victoire sur l’AC Milan en finale, l’OM est « à jamais le premier », comme le scandent encore parfois les supporters trente ans après. Mais chaque médaille a son revers. Séparé de seulement six jours, le premier sacre européen d’un club français trouve son pendant dans l’affaire dite du match « VA-OM », laquelle précipitera dans la rubrique judiciaire le club phocéen et le football français durant près de cinq ans.

VA-OM, c’est l’histoire de la plus grande affaire de corruption jamais mise au jour dans le football français. Au départ, il est question d’un simple match avancé de la 36e journée, ce jeudi 20 mai 1993 au stade Nungesser, à Valenciennes (Nord). Match que l’OM ne veut pas perdre, pour maintenir à distance le PSG et Monaco, tous deux à 4 points. Tout en préservant ses joueurs, en perspective de la grande finale face à Milan, six jours plus tard à Munich (Allemagne).

Trois Valenciennois sont approchés par l’OM pour « lever le pied » contre 200 000 francs de l’époque (30 000 euros) : Jorge Burruchaga, Christophe Robert et Jacques Glassmann. Jean-Jacques Eydelie, joueur de l’OM et ancien coéquipier de Glassmann à Tours (1987-1988), et Jean-Pierre Bernès, le directeur délégué du club, tiennent le rôle d’intermédiaires.

Les 200 000 francs de Christophe Robert enterrés dans un jardin

L’OM ouvre le score rapidement grâce à l’attaquant croate Alen Boksic et l’emporte 1-0 chez le 18e (finalement relégué en D2), mais Jacques Glassmann n’entend pas se laisser corrompre ni intimider. Il révèle la manœuvre pendant le match en avertissant l’arbitre Jean-Marie Véniel juste avant le coup d’envoi de la seconde période — une réserve technique est déposée par le club nordiste —, puis il témoigne au 20 Heures d’Antenne 2 le samedi suivant la partie. L’OM triomphe à Munich le mercredi suivant (1-0), mais l’incendie a pris et ne cesse de s’intensifier.

La Ligue professionnelle (alors présidée par Noël Le Graët) porte plainte contre X. Éric de Montgolfier, le procureur de Valenciennes, ouvre une information judiciaire. Bientôt, le feuilleton VA-OM fait les gros titres. Les gendarmes retrouvent les 200 000 francs acceptés par Christophe Robert et enterrés dans le jardin de la belle-mère de ce dernier dans le Périgord. Burruchaga aussi a accepté l’argent.

Tapie condamné à de la prison ferme

Au siège de l’OM, des billets sont saisis, identiques à ceux remis par Eydelie à Mme Robert sur le parking du Novotel de Valenciennes, la veille du match. Les semaines passent, les masques tombent. Bernès, Eydelie, Robert et Burruchaga avouent leur implication et sont mis en examen pour corruption le 7 juillet.

Début septembre, l’UEFA exclut l’OM des compétitions européennes. En France, l’OM est déchu du titre 1993. Le 10 février 1994, c’est au tour du président-propriétaire, Bernard Tapie (décédé le 3 octobre 2021) lui-même, d’être mis en examen. Puis, fin avril, l’OM est relégué en 2e division malgré sa 2e place au classement.

Le procès se tient de début mars 1995 à la mi-mai. Pour corruption et subornation de témoins, Tapie est condamné à deux ans de prison, dont un ferme ramené à huit mois en appel, à trois ans d’inéligibilité et 20 000 francs d’amende (3 000 euros). Il sera incarcéré six mois durant à la prison de la Santé, à Paris, puis à Aix-Luynes entre février et juillet 1997, avant d’être placé en liberté conditionnelle. Bernès prend deux ans de prison avec sursis, Eydelie un an avec sursis, Robert et Burruchaga six mois avec sursis.

De son côté, Glassmann, dont la carrière professionnelle s’est achevée en 1994, à l’âge de 32 ans, sera indemnisé à hauteur de 1 franc de dommages et intérêts pour préjudice moral.

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