Mort d’Alexeï Navalny : transport à la morgue, cause, localisation du corps… Ces interrogations qui subsistent

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(FILES) Opposition leader Alexei Navalny appears on a screen set up at a courtroom of the Moscow City Court via a video link from his prison colony during a hearing of an appeal against his nine-year prison sentence he was handed in March after being found guilty of embezzlement and contempt of court, in Moscow on May 24, 2022. Russian opposition leader Alexei Navalny died on February 16, 2024 at the Arctic prison colony where he was serving a 19-year-term, Russia's federal penitentiary service said in a statement. (Photo by Alexander NEMENOV / AFP)

La famille de l’opposant russe n’a toujours pas pu avoir accès à son corps, trois jours après son décès à l’âge de 47 ans. Selon Moscou, l’enquête est toujours « en cours » et n’a pas permis de déterminer les causes de la mort « pour le moment ».

Trois jours se sont écoulés depuis l’annonce de la mort d’Alexeï Navalny le vendredi 16 février, et aucune trace de son corps. Les autorités russes verrouillent toujours ce lundi toute communication autour de la dépouille de l’opposant russe et des causes de son décès.

Sa mère, Lyudmila Navalanaïa, s’est présentée ce lundi matin à la morgue où est supposé se trouver le corps de son fils, selon l’avis de décès que lui ont remis les autorités pénitentiaires. Mais, sur place, l’accès lui a été refusé ainsi qu’à ses avocats. Un élément de plus qui sème le doute quant aux causes de la mort de l’opposant russe. Le Parisien fait le point sur les interrogations qui persistent après son décès.

Des informations contradictoires sur la localisation du corps

Alexeï Navalny est mort vendredi à 14h17 heure locale (10h17 à Paris), selon l’avis de décès émis par l’autorité pénitentiaire russe. L’information a été rendue publique deux heures plus tard, à la mi-journée heure de Paris. L’avocat était détenu dans la colonie pénitentiaire IK-3, à Kharp, en Sibérie. Son corps a été transféré à l’hôpital de Labytnangi après son décès, à une trentaine de kilomètres. Lyudmila Navalnaïa s’est rendue dès samedi à Kharp, où les autorités lui ont remis un avis de décès.


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Sur ce document, il est inscrit que le corps de l’opposant est à la morgue de Salekhard, à 50 km, « pour investigations ». Lorsqu’elle s’y est rendue avec ses avocats, les employés de la morgue lui ont indiqué que la dépouille de son fils ne se trouvait pas dans leurs locaux.

« Habituellement, les corps des personnes décédées en prison sont directement transportés au bureau de médecine légale de Salekhard, mais là, il a été transporté à l’hôpital sans que l’on sache pourquoi », a indiqué une source travaillant au sein de la morgue au média indépendant Novaya Gazeta.

C'est au sein de la morgue de Salekhard qu'est probablement le corps d'Alexeï Navalny. REUTERS/Maxim Shemetov
C’est au sein de la morgue de Salekhard qu’est probablement le corps d’Alexeï Navalny. REUTERS/Maxim Shemetov

« Ils ont amené le corps à la morgue, puis ont posté deux policiers devant la porte. Ils auraient tout aussi bien pu mettre un panneau disant il se passe quelque chose de mystérieux ici. Bien sûr, tout le monde a voulu savoir ce qui se passait, pourquoi ce dispositif et si l’on essayait de cacher quelque chose de grave », a poursuivi l’homme. Selon les informations auxquelles cette source a eu accès, la mort n’est « pas de nature criminelle ». Ce terme est utilisé en Russie pour qualifier les décès qui n’impliquent pas d’armes à feu. Cela n’écarte pas la possibilité d’un empoisonnement ou des violences physiques.

Les caméras de surveillance entre l’hôpital et la morgue exploitées

Pour tenter de localiser le corps d’Alexeï Navalny, le média russe indépendant Mediazona s’est lancé dans l’exploitation massive des images des caméras de vidéosurveillance sur l’unique route qui relie l’hôpital de Labytnangi, où son corps a été emmené après son décès, à la morgue de Salekhard, où son corps est censé être.

Dans un article publié ce lundi, Mediazona établit l’existence d’un convoi de quatre véhicules à minuit dans la nuit du 16 au 17 février, soit dans les heures qui ont suivi la mort d’Alexeï Navalny. Parmi les quatre véhicules, une camionnette qui pourrait aisément transporter une dépouille. Sur les images, on peut voir les voitures traverser la rivière Ob (gelée en plein hiver) qui sépare les deux villes, distantes d’une vingtaine de kilomètres, puis arriver à Salekhard, toujours dans le même ordre.

Ce convoi, constitué de véhicules de la police routière et des services pénitentiaires, « pourrait avoir transporté le corps de Navalny », synthétise le média indépendant. Il démarre par une voiture de police, suivie d’une berline de couleur grise (probablement une voiture banalisée) puis d’un utilitaire des services pénitentiaires, avant qu’une autre voiture de police ne ferme le cortège.

Le Kremlin évoque « une enquête en cours »

Plus de 72 heures après l’officialisation de la mort d’Alexeï Navalny, aucun de ses proches ou de ses avocats n’a pu avoir accès à son corps. « La mère d’Alexeï et ses avocats sont arrivés à la morgue tôt ce (lundi) matin. Ils n’ont pas été autorisés à entrer. L’un des avocats a littéralement été repoussé à l’extérieur », a précisé Kira Yarmysh, sa porte-parole. À l’exception des autorités qui affirment son décès, personne n’a pu avoir accès à la dépouille de l’opposant russe.

Rapidement après l’annonce de son décès, le média d’État RT a avancé une « thrombose » comme la cause de la mort de l’opposant à Vladimir Poutine, ce qui a été largement repris par les agences de presse locales.


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Selon Novaya Gazeata, aucune autopsie n’avait été réalisée en date de samedi et leur source médicale affirme qu’il a été interdit aux médecins de la morgue de Salekhard d’en réaliser une. Le comité d’enquête chargé d’élucider les causes de la mort de l’opposant a informé ce lundi matin sa mère que les investigations étaient « prolongées », sans en justifier la raison. « La cause du décès est toujours indéterminée. Ils mentent, jouent la montre et ne le cachent même pas », a fustigé Kira Yarmysh.

Le Kremlin a pour sa part botté en touche, en communiquant lundi en fin de matinée : l’enquête est « en cours » et n’a pas permis d’arriver à des conclusions « pour le moment », a affirmé Dmitri Peskov, porte-parole de Poutine. « Dans ces circonstances, en l’absence d’informations, nous pensons qu’il n’est absolument pas permis de faire des déclarations aussi odieuses », a-t-il réagi face aux accusations occidentales..

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