Le Premier ministre est attendu ce lundi 22 avril matin dans un lycée de Nice (Alpes-Maritimes) ouvrant un internat à titre d’expérimentation pour les “élèves décrocheurs” et “primo-délinquants”.
Étape deux de l’opération “autorité” pour Gabriel Attal. Le Premier ministre se rend ce lundi 22 avril à Nice pour inaugurer un internat ouvrant à titre expérimental, quatre jours après ses annonces pour lutter contre la violence d’une partie de la jeunesse. Rendez-vous est donné à partir de 9h30 au lycée du Parc impérial.
“20 primo-délinquants encore en situation de scolarisation vont être placés dans cet internat, en présence des parents que nous allons rencontrer”, avait précisé le maire de Nice Christian Estrosi (Horizons) à BFMTV vendredi dernier.
Mettre en musique le discours sur l’autorité
Accompagné des ministres Éric Dupond-Moretti (Justice) et Sarah El Haïry (Jeunesse), le chef du gouvernement doit notamment rencontrer les jeunes qui vont participer à cette expérimentation, ainsi que leur famille et les équipes pédagogiques.
La séquence est l’occasion pour lui de mettre en musique son discours sur l’autorité de jeudi dernier. Depuis Viry-Châtillon – où est mort un adolescent de 15 ans vendredi 5 avril après avoir été passé à tabac près de son collège – il avait sonné la “mobilisation générale”, annonces à l’appui.
Des “dizaines de milliers de places” innocuppées
Parmi elles, celle d’envoyer des jeunes “à la dérive” dans des internats pour les couper de “mauvaises fréquentations” durant les vacances scolaires. Une idée déjà évoquée lors de sa déclaration de politique générale fin janvier. Jeudi, le Premier ministre a mis en avant une “opportunité”, relevant que des “dizaines de milliers de places en internat” sont “désespérément vides”.
Selon le ministère de l’Éducation, en 2022-23, un peu plus de 175.000 places d’internat était occupées sur les près de 230.000 places recensées dans 1.618 établissements. Soit un taux d’occupation de 65,9% au collège, 79,1% au lycée, et 77,5% en lycée professionnel.
“Mon idée est simple: avant qu’un jeune ne tombe vraiment dans la délinquance, (…) nous proposerons aux parents que leur enfant soit envoyé en internat, loin de son quartier et de ceux qui le poussaient à plonger”, a expliqué Gabriel Attal.
Critiques des syndicats
Des syndicats de l’enseignement ont fait savoir leurs réticences. Ils craignent que la mesure revienne à ouvrir des “lieux de redressement”. Dès février, le Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées, avait dénoncé “l’internat version Gabriel Attal: un outil au service de la lutte contre la délinquance”, rappelle l’AFP.
“Depuis ces 20 dernières années, l’internat scolaire est réapparu dans les discours politiques, pas toujours pour le meilleur, faisant l’objet d’enjeux idéologiques”, regrettait le syndicat.
Selon Olivier Raluy, secrétaire catégorie CPE du syndicat d’enseignants SNES-FSU, Gabriel Attal défend aujourd’hui “l’idée non pas comme un internat éducatif mais plutôt comme un lieu de redressement”. “Pour nous, l’internat s’inscrit dans un projet éducatif (…). C’est avant tout un lieu de socialisation, de réussite scolaire, c’est un vecteur de promotion sociale”, explique-il à l’AFP.